Depuis plusieurs mois, les NFT ont envahi le monde du Rap, autant dans les lyrics que dans les stratégies de communication et de financement des artistes. Mais parmi les différents lancements de collection, tous ne rencontrent pas le même succès. Maintenant que la première vague semble passée, intéressons-nous au phénomène. Les NFT et le rap, tendance durable ou effet de mode ?

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C’est quoi un NFT ? 

Les NFT font partie d’un mouvement plus global que constitue le web 3.0 (qui inclue notamment la blockchain ou les cryptomonnaies). L’acronyme correspond à “Non-Fungible Token” soit “Jetons Non-Fongible" en français. Ce sont des biens digitaux, uniques, qui représentent de la musique, de l’art, des vidéos, une œuvre digitale etc...Ce qui les différencie de la cryptomonnaie, c’est simplement le fait qu’ils aient une signature numérique et qu’ils n’ont pas une valeur précise, fixée dans le temps. Tandis qu’une cryptomonnaie comme le bitcoin peut être échangée contre un autre bitcoin, chaque NFT aura à la place une valeur différente, subjective et volatile. C’est dans ce sens qu’un NFT est dit “non-fongible”.

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Donc je cours après l'argent, car l'argent n'm'a jamais abandonné,
J'reste à l'avant-garde, j'lance mon propre NFT

- Rowjay, Avenir, CDF2 (2021)

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La possession d’un NFT est inscrite dans la blockchain, qui permet de garantir l’unicité d’un produit vendu en ligne, grâce à une “certification of work”. Chaque NFT contient un identifiant unique, qui sera attribué à la personne qui le possède, avec le nom de l’œuvre, la description et la taille du fichier.

Pour comprendre plus concrètement quelles formes ils peuvent prendre, passons quelques collections lancées ces derniers mois par nos rappeurs.

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Exemples de collections

C’est Booba le premier français à s’être lancé dans l’aventure avec le son « TN ». Pour faire grimper la hype autour de ce projet, il proposait au détenteur d’une carte NFT, un accès exclusif du clip « TN », censé n'être disponible nulle part ailleurs. Opération plus que gagnante, Puisque la vente de 25.00 NFT a généré 500 000€ de gain pour lui et Universal, et que Booba touche 5 à 10% à chaque fois qu’une carte se revend. Si on cherche bien et si on est prêt à jouer avec le lecteur de vitesse YouTube, on peut malgré tout retrouver le clip sans avoir besoin d'acheter le NFT.

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T'as pas d'crypto, c'est la hess, ressaisis-toi wesh, adios les mauves

- Booba, GDC (2021)

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À l’opposé pour Koba laD, tout ne s’est pas aussi bien passé. Le rappeur et son équipe ont lancé la “Genesis Collection” qui proposait plusieurs avantages parmi lesquels " des places de concert, des backstages, des soirées en séance studio et pleins d'autres choses". Mais au bout de quelques semaines, les ventes n’étant pas au rendez-vous, ils ont stoppé la commercialisation. L’aspect entièrement digital et incertain des contreparties ne semble pas avoir suscité la confiance des acheteurs. 

Sneazzy a lui aussi tenté l’expérience sous une forme plus radicale. Il a sorti un EP entier, sur Kalao, un écosystème NFT qui combine la technologie du contenu exclusif et réalité virtuelle pour créer des cas d'utilisation réels pour les NFT. Les détenteurs d’une carte NFT de son EP, ont eu droit à des avantages exclusifs tels qu’un coffret physique édition collector du “Sneazzy EP”, garanti par le NFT et comprenant le CD physique et d'autres objets de collection. Une manière intéressante d’utiliser les NFT puisqu’il les a reliés à des objets physiques, sûrement pour rassurer les acheteurs en proposant quoiqu’il arrive une contrepartie physique.

Le rappeur masqué Ziak, a lui prit le parti de l’originalité en lançant une collection complètement décalée : le Zi-Hash, « un Cryptoshit produit en série limitée, au nombre de 500 barrettes et 10 plaquettes ». Pour avoir une chance de posséder le produit, il fallait compter au minimum 0.01 Ethereum pour une barrette et 0.2 Ethereum pour une plaquette, soit respectivement 23 euros et 467 euros. Ce dernier cas laisse entrevoir toutes les opérations marketing qui pourraient exister entre rap et cannabis si le produit était légalisé.

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Bons plans ou arnaque  ?

En tant qu’acheteurs, il faut être très prudent car souvent les NFT sont surévalués et peuvent faire perdre de l’argent au détenteur sur le court ou moyen terme. Pour véritablement instaurer une relation gagnant-gagnant entre l’acheteur et l’artiste, il faut proposer des avantages exclusifs mais surtout réussir à garder la hype sur le long terme. Le rappeur pourra ainsi toucher des commissions à chaque revente et les revendeurs pourront échanger les NFT sans connaître une chute drastique de son prix. 

La collection de Sneazzy par exemple, est revendiquée par son associé comme une « sensibilisation au monde des NFT ». En effet, cette collection propose une  chasse au trésor, qui pousse les fans à l'entraide et le partage d’information. Mais il semble davantage s'agir d'une posture commerciale plus que d'un véritable intérêt pour la vulgarisation. 

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Shoutout mes slimes ils ont fini par quitter la trap, NFT money je place et je stack

- thaHomey, NFT MONEY, RareFiles 2 (2022)

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Mais alors pourquoi tous les artistes n’utilisent pas les NFT ? Tout simplement car il a un retard technologique chez les consommateurs de musique. Beaucoup de personnes ne connaissent encore pas la technologie, et n’ont pas envie de s’y mettre. De plus, les collections des gros rappeurs ne sont pas toujours des succès comme on a pu le voir avec Koba, alors quel intérêt pour un artiste en manque de visibilité de créer une collection s’il n’a pas une communauté assez grande pour pouvoir vendre ses NFT ?

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Les NFTs restent un marché volatile, très peu régulé et basé sur la spéculation. De plus, l’utilisation de la blockchain dans le processus est une catastrophe environnementale au niveau de la consommation de CO2 (dû à l’utilisation d’ordinateur et de carte graphique).

En ce qui concerne le rap, on manque encore de recul sur le marché français. Le risque existe qu’il soit inondé de collection NFT, que l’offre dépasse ainsi la demande et que le public se désintéresse de ce produit technologique. Pour perdurer et s’implanter en profondeur, les collections de NFT devront proposer des réels avantages, qui ont du sens avec l’univers du rappeur.

À noter que certains artistes Français investissent déjà leur argent dans les collections de NFTs, comme par exemple Freeze Corleone ou encore Seezy (célèbre beatmaker de VALD) qui a récemment revendu son Mutant Ape pour 48 Ether, soit près de 130 000 euros.

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🖊️ Rédigé par Antonin

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